Cette étude démontre que la pornographie est bonne pour la société

Cette étude démontre que la pornographie est bonne pour la société

Depuis les débuts du cinéma, la pornographie fascine autant qu’elle dérange. Mais derrière les débats moraux se cache une question essentielle : la consommation de contenus pornographiques influence-t-elle les comportements violents, notamment envers les femmes ? L’étude macrosociologique du professeur Marc Ouimet de l’Université de Montréal apporte un éclairage nuancé et déroutant sur ce sujet sensible.

Pornographie et violence : une relation incertaine

La crainte que la pornographie incite à la violence n’est pas nouvelle. Dès les années 1950, les experts dénonçaient déjà les « comic books » pour leur potentiel pernicieux sur les jeunes esprits. La télévision, puis les jeux vidéo, ont ensuite subi les mêmes accusations, sans qu’un consensus scientifique ne puisse être établi.

Le même schéma se reproduit avec la pornographie : malgré de nombreuses études expérimentales et corrélationnelles, aucune preuve solide n’indique un lien direct de cause à effet entre exposition à des contenus sexuels et passage à l’acte violent.

Les recherches menées auprès de groupes d’étudiants ou de délinquants offrent des résultats ambivalents. Si certains travaux suggèrent une légère augmentation des croyances sexistes après l’exposition à des films sexualisés violents, les écarts sont minimes, souvent inférieurs à la marge d’erreur. Plus encore, les jeunes générations, qui grandissent dans un environnement saturé d’images pornographiques via Internet, se montrent aujourd’hui plus empathiques envers les victimes de viol que leurs aînés.

La pornographie, bouc émissaire facile

Une hypothèse répandue est que les délinquants sexuels seraient de gros consommateurs de pornographie. Certes, de nombreux criminels violents consomment également des contenus sexuels explicites. Cependant, ces individus adoptent en général un ensemble de comportements à risque (alcoolisme, toxicomanie, etc.). Dès lors, la consommation de pornographie semble davantage le reflet d’une personnalité à risque que la cause de passages à l’acte violents.

Des études précises, comme celles du psychiatre Jean Proulx, révèlent que peu d’agresseurs sexuels ont consommé de la pornographie dans les 48 heures précédant leur crime. D’autres facteurs – rejet social, colère, consommation d’alcool ou de drogues – apparaissent beaucoup plus déterminants dans le processus criminel.

Des effets positifs insoupçonnés

Contre toute attente, certains chercheurs avancent que la pornographie pourrait jouer un rôle de soupape émotionnelle. En offrant un exutoire à des pulsions sexuelles ou agressives, elle éviterait leur expression dans la réalité. Une théorie soutenue par la notion de « catharsis » ou par celle des « activités routinières », selon laquelle les heures passées devant un écran sont autant d’heures éloignées des situations propices aux actes délictueux.

L’explosion d’Internet et la chute de la violence

Depuis l’avènement d’Internet dans les années 1990, l’accès à la pornographie a explosé. Si un lien direct existait entre consommation de pornographie et violence, on s’attendrait à voir les taux d’agressions sexuelles grimper. Or, les statistiques officielles racontent une toute autre histoire : au Canada comme aux États-Unis, les agressions sexuelles et les homicides contre les femmes sont en net recul depuis les années 1990. À titre d’exemple, le taux de viols aux États-Unis est passé de 2,9 pour 1000 habitants en 1992 à 0,7 en 2010.

Le même phénomène est observable dans les sondages de victimisation, qui montrent une stabilité, voire une diminution, des agressions sexuelles. De nombreux facteurs sont avancés pour expliquer cette tendance : vieillissement de la population, baisse du chômage chez les jeunes, allongement des études, meilleure surveillance policière grâce aux caméras et aux analyses ADN. La pornographie, en revanche, n’apparaît dans aucune modélisation sérieuse des causes de la baisse de la criminalité.

Entre moralité et science : une frontière délicate

Si la pornographie choque, dérange, questionne, son impact criminogène reste à ce jour non démontré scientifiquement. Certaines féministes, comme Catherine McKinnon, continuent d’y voir un vecteur de domination masculine, tandis que d’autres défendent la liberté d’expression et le droit des femmes à produire ou consommer de tels contenus.

La prudence s’impose : là où certains voient un danger pour la société, d’autres pointent les risques de censure et les atteintes aux libertés individuelles. La Commission Fraser au Canada ou les grandes enquêtes américaines aboutissent toutes à la même conclusion : la recherche sur les liens entre pornographie et violence est contradictoire, insuffisante, et sujette à de nombreux biais.

Une certitude : rien n’est jamais simple

À l’heure où l’on consomme massivement de la pornographie, où les plateformes en ligne regorgent de contenus de tous genres, la violence contre les femmes n’a pas explosé, bien au contraire. Cela ne signifie pas que tout est parfait, ni que la pornographie est exempte de critiques, notamment sur le plan des représentations sexistes. Mais accuser les images pornographiques de tous les maux sociaux relève davantage d’un réflexe moral que d’une vérité scientifique.

Ainsi, la recherche invite à la nuance : ni totalement inoffensive, ni responsable de la violence, la pornographie apparaît avant tout comme un phénomène complexe, qui mérite mieux qu’un simple procès à charge.

Lire l’étude « Plus de pornographie, moins de violence ? État des lieux et analyse macrosociologique »

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