Faut-il coucher pour tomber amoureux ?

Le roman d'Éric-Emmanuel Schmitt Les perroquets de la place d'Arezzo pose une question cruciale : en amour, la sexualité est-elle une aide
Voici, placée sous le double signe de Sacha Guitry et de Denis Diderot une formidable encyclopédie de l’amour et des désirs.
Elle est signée Éric-Emmanuel Schmitt, qui propose une ronde folle et farce, où les corbeaux sont des colombes et les perroquets, de drôles d’oiseaux.

Faut-il coucher pour tomber amoureux ?

Une lettre d'amour anonyme

Nous sommes à Bruxelles, sur la place d’Arezzo. Un beau matin, tous les riverains reçoivent une lettre anonyme, la même.
Elle dit ceci: « Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé: tu sais qui »

Le problème, c’est évidemment l’identité du fameux « tu sais qui ». Car les couples qui vivent sur la place d’Arezzo, en apparence bien sages, cachent évidemment de terribles secrets. Certains seront ravis de recevoir cette lettre, d’autres moins.
On trouve ainsi parmi les destinataires un homme politique à la sexualité déliée et aux innombrables maîtresses (mais laquelle de ces sottes a donc cru qu’il lui promettait un avenir?), un écrivain qui chante la fidélité depuis vingt ans (et découvre que la lettre s’adresse… à sa femme, un couple adepte de libertinage, un abstinent, des homos, des ados, une cougar, une attachée de presse qui couche avec tout le monde, un jardinier sexy amoureux transi d’une femme forte …

L'amour est conditionnel : je t’aime si ...

Éric-Emmanuel Schmitt observe les réactions des êtres humains face à la déclaration d’amour, en un temps (le nôtre) où les injonctions consistent à réussir sa vie sexuelle et être performant. Mais l’obligation d’orgasme empoisonne parfois les relations amoureuses…
Ce beau roman, tour à tour léger, drôle et sombre, pose une question: en amour, la sexualité est-elle une aide ou un empêchement? La réponse, on le verra, diffère selon les risques que chacun accepte de prendre face à l’autre. D’un côté, les passionnés; de l’autre, les amoureux.
Deux mouvements contradictoires, si l’on accepte de considérer que la passion est une façon de ne plus être soi tandis que l’amour est une manière de partir à la découverte de l’autre. Et si nous rompions avec le modèle classique de la relation amoureuse ?

L’amour est conditionnel : je t’aime si (si tu ne me trompes pas, si tu m’aimes aussi, et autres variantes relevant plus ou moins d’une balance avantages-inconvénients).
Mais il n’est pas impossible que ce soit ce conditionnel, précisément, qui nous empêche d’aller jusqu’à l’amour, le vrai.

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